Las chicas de la estacion de Juana Macias (2024)
Née à Madrid en 1971, Juana Macias est titulaire d’une licencie en communication audiovisuelle et d’un diplôme de technicienne supérieure en réalisation cinématographique. Elle a réalisé 9 courts métrages, qui ont reçu 50 prix nationaux et internationaux et 5 longs métrages. Las chicas de la estacion est son sixième long métrage. Depuis 1998, elle est également productrice indépendante de documentaires, clips vidéo et publicités pour des clients tels que l’Institut de la Femme, Dove, Iberia, …Pendant 6 ans, elle a été vice-présidente de CIMA, l’Association des Femmes Cinéastes et Médias Audiovisuels. Elle y a dirigé 2 initiatives axées sur la promotion de nouveaux talents féminins (CIMA MENTORING, 2013-2019, et le prix WOMEN IN ACTION !).
« Las Chicas de la Estacion » revient sur un scandale qui a défrayé la chronique en Espagne en 2019. Juana Macias a choisi l’angle de la sororité pour évoquer cette terrible affaire : Jara, Alex et Miranda partagent la même chambre dans un foyer d’accueil pour mineurs sur l’île de Majorque. Elles forment un trio soudé. L’affection et l’admiration qu’elles se vouent sont énormes. Leur amitié se substitue à l’amour qu’elles n’ont pas reçu dans leurs familles. L’anniversaire de Jara approche à grands pas. Pour ses quinze ans, il faut marquer le coup. Rien n’est trop beau pour Jara : elles iront au concert la reine de la Trap. Mais le prix des billets est très élevé et elles n’ont pas de thunes. Jara sait comment gagner de l’argent très vite. Elle sait que des hommes sont prêts à payer pour une chose qu’elle et ses amies possèdent. Elle a vu une fille très jeune sortir le regard vide d’un WC pour femmes à côté d’un homme au regard fuyant. C’était dans le quartier de la gare.
Julieta Tobio (Jara), Salua Hadra (Alex) et Maria Steelman (Miranda) semblent très à l’aise dans ce qui est pourtant leur premier rôle au cinéma. Seule Julieta a suivi des cours de théâtre. Elles ont été sélectionnées parmi plus de mille candidates. Leur spontanéité, leur expressivité et leur belle énergie font mouche. La BO est exclusivement composée de musiques urbaines où sont évoquées la survie, la violence, le déracinement.
Ce scandale avait défrayé la chronique à l’époque des faits : 16 jeunes (15 filles et 1 garçon) d’un centre d’accueil pour mineurs ont été exploités sexuellement. C’est la plainte pour viol et le témoignage d’une adolescente du foyer qui a déclenché l’affaire. Le nombre de victimes du réseau de prostitution qui sévissait près d’une gare de Majorque serait bien supérieur.
Juana Macias ne voulait pas tomber dans le sordide et le constat désabusé d’impuissance. Elle voulait montrer l’innocence et la fraîcheur des adolescentes envoyées dans ces maisons qui se substituent au foyer familial défaillant ou inexistant et qui trouve du réconfort auprès de leur éducatrices et éducateurs, qui se fabriquent une famille de cœur avec d’autres enfants fracassés. Elle a choisi de raconter cette horrible affaire en donnant une lueur d’espoir aux victimes pour qu’elles s’unissent contre les prédateurs sexuels en les dénonçant.
Je plaide pour que l’on présente encore et encore des réalisatrices aux multiples talents et des histoires où la sororité et la résilience sont omniprésentes.
A.C.
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